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Crédit photo : État-major des Armées

Dans l’Histoire contemporaine, les vieilles nations chrétiennes sont souvent intervenues en faveur des musulmans opprimés, à travers le monde. Inventrices des droits de l’homme, elles attachent une importance particulière aux libertés de pensée, de conscience et de culte. La célébrissime Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 est rédigée par un prélat catholique, Jérôme Champion de Cicé, député du clergé aux Etats généraux, qui mourra archevêque d’Aix-en-Provence en 1810. L’Assemblée nationale déclare les droits de l’Homme et du Citoyen « en présence et sous les auspices de l’Etre Suprême ». Les principes de liberté, d’égalité et de fraternité s’inspirent directement de la doctrine chrétienne, pour qui les hommes sont égaux devant Dieu et leur liberté un élément indispensable à leur responsabilité (saint Thomas d’Aquin). Quant au droit naturel de résistance à l’oppression, qui figure à l’article 2 de la Déclaration, il est également au cœur de la philosophie thomiste.

Depuis la fin de la guerre froide, les Occidentaux ont redoublé d’efforts à travers la planète pour défendre les droits de l’homme, à commencer par ceux des peuples musulmans opprimés. Lorsque au printemps 1992, les milices serbes de Bosnie ont commencé à détruire les mosquées, chasser les familles musulmanes des villages mixtes et enfermer les hommes dans des camps de concentration, les premiers à protester furent les Occidentaux. Ce furent d’abord les journalistes, puis les intellectuels, puis les politiques. Dès juin 1992, des sanctions sont imposées au pays chrétien qu’est la Serbie. Il faudra, il est vrai, attendre le massacre de 7000 hommes et adolescents à Srebrenica (juillet 1995) pour que les trois vieilles nations chrétiennes alliées (France, Angleterre, Amérique) se décident à agir militairement. Mais leur action sera décisive et aujourd’hui, la Bosnie-Herzégovine est reconnue par la Serbie. Quant aux mosquées, qui avaient été détruites dans les villages autour de Srebrenica, elles ont été reconstruites. Les familles musulmanes y sont revenues. Les Occidentaux ont eu raison d’intervenir en Bosnie, pour mettre fin à l’effusion de sang. La population de Sarajevo, la capitale bosniaque, est devenue musulmane à plus de 90%, mais l’air qu’on y respire est resté délicieux. Les femmes ne sont guère plus voilées que du temps de Tito. Les cathédrales catholique et orthodoxe, qui sont parfaitement entretenues, feront sonner leurs cloches comme il se doit à l’occasion de Noël (fêté le 7 janvier chez les orthodoxes).

Après la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2001), gagnée par Moscou, l’Occident chrétien accueillit de très nombreux musulmans tchétchènes, comme réfugiés. Cette générosité ne fut pas toujours et partout payée de retour. En avril 2013, ce sont deux réfugiés tchétchènes, les frères Tsarnaev qui, après avoir été généreusement accueillis par l’Amérique chrétienne, commirent l’attentat terroriste contre le marathon de Boston (3 morts, 140 blessés).

La presse et les gouvernements occidentaux ont pris fait et cause pour les Rohingyas de Birmanie en 2017, alors que 400000 d’entre eux étaient chassés vers le Bangladesh voisin, après des attentats perpétrés contre des forces de police birmanes. Ces musulmans sunnites de l’est du Bengale avaient été encouragés en 1826 à immigrer dans la province de l’Arakan, après que les Britanniques se furent emparés de cette province birmane, alors essentiellement bouddhiste. La tension entre Birmans et Rohingyas n’est pas nouvelle. En 1951, soit trois ans après l’indépendance de la Birmanie de la Couronne britannique, la tension monte fortement entre bouddhistes et musulmans de l’Arakan, après que ces derniers eurent réclamé un « Etat libre musulman semblable aux autres Etats de l’Union de Birmanie ». Confronté à la sur-réaction du gouvernement birman face à un mouvement islamiste de certains Rohingyas, l’Occident chrétien n’a pas hésité à sacrifier son icône bouddhiste Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991.

Aujourd’hui le Congrès et le président des Etats-Unis d’Amérique ont pris des sanctions contre les responsables du parti communiste chinois accusés d’opprimer les musulmans ouïgours dans la province du Xinjiang.

Les exemples sont donc nombreux des puissances occidentales chrétiennes venant au secours des musulmans opprimés. On cherche en vain la réciproque, c’est-à-dire la défense des chrétiens opprimées par les Etats musulmans ou par l’Organisation de la Conférence islamique (OCI). Quels sont les Etats musulmans d’Asie ou du Moyen-Orient qui ont protesté contre la répression anti-chrétienne qu’avait entrepris l’Indonésie au Timor oriental à partir de 1975 ? Lorsque des chrétiens sont massacrés au Nigéria par des milices peuls musulmanes, entend-on protester les pays musulmans du Sahel et d’Afrique du nord ?

Le Conseil de sécurité de l’ONU (dont quatre membres permanents sur cinq sont de vieilles puissances chrétiennes) a souvent voté des résolutions condamnant la persécution de peuples musulmans. A-t-on jamais entendu l’OCI se préoccuper du bien-être des chrétiens minoritaires en terre d’islam ?

Alors que les nations chrétiennes se préparent à fêter la nativité de Jésus Christ (qui est considéré comme un prophète dans le Coran), les responsables des grands Etats musulmans seraient bien avisés de réfléchir à ce deux poids, deux mesures.

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