« Pas d’ennemis perpétuels, pas d’amis éternels, rien que des intérêts éternels et perpétuels ». La devise de la diplomatie britannique est la devise de toute bonne politique étrangère. Les choses humaines sont mouvantes, les problèmes sont présents et c’est pour cela que les souvenirs du passé ne doivent jamais nous entraver dans notre action présente sous peine de nous voir sanctionnés dans l’avenir.
La rancune est donc l’ennemi d’une bonne politique étrangère. Il faut donc savoir s’excuser pour les erreurs passées. Comme l’ont bien fait les Allemands auprès des Juifs, des Tziganes et des pays de l’Est et les Russes auprès des Polonais. Au contraire, la négation du génocide arménien par les autorités turques est un fardeau pour la Turquie. De même, l’attitude nationaliste du gouvernement japonais renforce le sentiment anti-japonais en Chine et empêche le Japon de pouvoir nouer une alliance franche avec la Corée, voire certains pays du sud-est asiatique, ce qui lui serait pourtant très utile pour faire face à l’expansion chinoise. La crispation du Japon par rapport à son passé nuit donc à son intérêt présent. Au contraire, la reconnaissance des crimes de guerre japonais par l’ancien Premier Ministre Tanaka avait permis au Japon de détendre la relation sino-japonaise. Seules des excuses permettent de se libérer du passé pour construire l’avenir ensemble.
Et de même qu’il faut savoir s’excuser pour les offenses commises, il faut aussi savoir pardonner pour les offenses reçues. Ainsi les Français ont-ils su pardonner aux Allemands.
Par contre, s’il faut savoir s’excuser, il faut rejeter toute forme de repentance. Les excuses doivent permettre de construire l’avenir ensemble autour du pardon du passé et d’intérêts communs présents. Au contraire, la repentance est une forme d’autoflagellation et d’humiliation permanentes qui ne libère pas et empêche de construire l’avenir ensemble.