En admirateur de la politique étrangère du Général de Gaulle, Renaud Girard considère que l’indépendance nationale est à la fois la base et l’enjeu de toute bonne politique étrangère. Cette indépendance doit donc être conservée à tout prix.
Il faut toujours se donner les moyens de ce que l’on veut. Dans le cas de la France, l’indépendance nécessite un effort militaire important, une protection du patrimoine économique et industriel, des choix diplomatiques libres.
Renaud Girard est, certes, très favorable à l’alliance entre la France et les États-Unis. Toute attaque contre l’un des deux pays doit amener l’autre à intervenir pour soutenir son allié. Cependant cette alliance de fond ne doit pas se transformer en une soumission de la France aux États-Unis. Grande puissance, mais moins peuplée, moins vaste, moins riche et moins puissante militairement, la France doit absolument maintenir une politique active et indépendante à l’égard de la Russie, consolider ses relations historiques avec les pays arabes et africains, soigner ses positions dans le Tiers-Monde et refuser de suivre aveuglément les États-Unis si elle veut maintenir son rang et défendre ses intérêts. Il était ainsi absolument nécessaire de critiquer les dérives de l’action militaire des États-Unis au Vietnam, comme le fit le Général de Gaulle en 1966, ou de s’opposer à la Guerre en Irak en 2003.
Une politique de soumission atlantique ne pourrait être que contre-productive. Elle amènerait la France à jouer contre ses intérêts, à perdre le prestige que son esprit d’indépendance lui a donné dans le monde et à n’être plus qu’un vassal occupant une place de second rang. La France pourrait ainsi se retrouver embarquée dans des guerres qui sont des erreurs politiques graves et qui ne correspondent pas à ses intérêts. Mais surtout, il n’y aurait rien à attendre en retour. Les États-Unis ne peuvent que traiter avec dédain une puissance qui se soumet volontairement à eux, car seules les puissances indépendantes comptent et ce sont donc les seules qui peuvent être respectées. Les États-Unis n’auraient plus à la prendre en considération une France soumise.
Une France indépendante est sur le long terme un avantage pour les États-Unis, bien plus qu’un alignement inconditionnel, car la France peut ainsi faire preuve d’esprit critique et mettre en garde les États-Unis contre certaines de leurs erreurs ou de leurs dérives et servir de médiateur entre les États-Unis et d’autres pays (ce qui ne serait pas possible si la France n’avait pas une ligne diplomatique indépendante). Une diplomatie française indépendante sert donc mieux les intérêts de la France et des États-Unis, même si elle entraîne des frictions ponctuelles. C’est qu’a prouvé Nixon en se rendant en France juste après son élection pour rencontrer le Général de Gaulle.