Le journaliste Renaud Girard a couvert de nombreux conflits depuis les années 80. Il livrera sa connaissance acérée de l’état du monde le 7 juin, au Forum Normandie pour la paix, organisé par la Région, à Caen. Portrait.
Diplômé de l’Ena et de Normale sup, Renaud Girard aurait pu opter pour une vie de bureau. Il a choisi le terrain…. miné, en embrassant la carrière de reporter de guerre dans les années 1980.
« Le métier de correspondant de guerre associe trois de mes passions : le goût de l’Histoire, celui de l’aventure et l’écriture. »
L’Histoire, qu’il a étudiée, Renaud Girard l’a aussi vue, « parfois, se faire devant moi. C’est passionnant. »
Le journaliste du Figaro était ainsi avec Yasser Arafat, à Tunis, un jour de mars 1991. « Il a déclaré pour la première fois accepter d’entamer un dialogue sans condition avec Israël », raconte le grand reporter. Une déclaration qui a abouti aux négociations secrètes israélo-palestiniennes d’Oslo, ainsi qu’aux accords historiques du 13 septembre 1993.
« Marche ou crève »
L’aventure, Renaud Girard y a bien goûté. Une expédition l’a particulièrement marqué : 1999, il doit rejoindre sa famille pour Noël mais est coincé en Tchétchénie. « Avec Olivier Jobard, mon photographe, nous nous sommes retrouvés encerclés par l’armée russe sur la route pour la Géorgie. »
Il songe à se rendre. Prend une autre décision. « Avec l’aide d’un guide, payé cher mais nous garantissant un chemin secret, nous avons traversé la chaîne du Caucase à pieds. J’aurais dû être en France pour baptiser ma fille, mais j’étais coincé à 3 500 mètres d’altitude en plein hiver, entouré d’avions russes et de loups. C’était « marche ou crève ». Nous avons fini par atteindre une auberge. Vivants ! Ce fut mon plus beau premier de l’an. »
« Le métier a changé »
Entre le début de sa carrière et aujourd’hui, Renaud Girard, récompensé en 2008 au Prix Bayeux des Reporters de guerre, a vu le métier évoluer. « On ne peut plus passer d’un front à l’autre comme nous avons pu le faire en Yougoslavie entre 1991 et 1995. En Syrie, il n’y a aucun reportage avec les rebelles syriens, car il y a des risques d’enlèvement, de mort… Avant, nous n’étions pas tués pour notre métier. »
Après plus de trente années passées à observer les conflits mondiaux, le grand reporter porte un regard acéré sur l’état du monde. « Le nouvel ordre mondial annoncé par George W. Bush a volé en éclat », selon lui, « le droit international n’est pas respecté ».
Renaud Girard sera au forum mondial Normandie pour la Paix jeudi 7 juin de 10 h 30 à 12 h pour une conférence sur l’état du monde à travers les conflits, les tensions et les violences contemporaines.