Italie, Allemagne, France, Royaume-Uni. Du 13 au 15 mai 2023, Volodymyr Zelensky a effectué une grande tournée diplomatique européenne. Les quatre plus grandes puissances économiques de la Vieille Europe – qui sont, chacune, dotées d’une substantielle industrie d’armement – ont reçu, avec tous les honneurs, le président ukrainien, qui n’a pas quitté sa tenue militaire depuis que son pays a été, il y a quinze mois, agressé par son voisin russe.

Les quatre puissances sont membres du G7, lequel se réunira au Japon, à Hiroshima, du 19 au 21 mai 2023. À ce sommet des grandes puissances économiques occidentales (le chiffre 7 est obtenu en ajoutant les États-Unis et le Canada), ont été invités le président du Conseil européen et la présidente de la Commission européenne. Dans la liste fournie par le secrétariat du G7, le premier sujet qui sera abordé est « l’agression de la Russie contre l’Ukraine ». Il figure devant « le dialogue avec les partenaires à l’échelon international ; le désarmement et la non-prolifération nucléaires ; la résilience et la sécurité économiques ; le climat, l’énergie et l’environnement ; l’alimentation, la santé et le développement ».

La guerre en Ukraine est donc actuellement le sujet de préoccupation numéro un des puissances occidentales. Au sommet du G7, elles coordonneront leurs aides financières (qu’elles soient budgétaires, humanitaires ou militaires) à Kiev. Depuis le 24 février 2022, les États-Unis ont accordé une aide totale d’environ 72 milliards d’euros à l’Ukraine. L’aide en provenance de l’Union européenne se monte à quelque 50 milliards d’euros. Pour trouver, dans l’histoire contemporaine, des aides financières et militaires aussi considérables à un pays en guerre, il faut remonter aux aides américaines à la Grande-Bretagne à partir de 1941, et à l’URSS à partir de 1942.

L’importance du prochain G7 pour l’Ukraine a motivé la tournée européenne de Zelensky. À la fin du mois de décembre 2022, le président ukrainien avait déjà fait une tournée triomphale aux États-Unis.

Lorsque l’armée russe pénétra en territoire ukrainien le 24 février 2022, les Américains proposèrent à Zelensky de venir se réfugier chez eux. Faisant preuve de courage et de sang-froid, le président ukrainien leur répondit : « Ce n’est pas d’un taxi dont j’ai besoin, mais de munitions ! » Après que son armée – qui avait été bien entraînée par les Américains, les Britanniques et les Canadiens depuis 2015 – a tenu face au corps expéditionnaire russe et sauvé la capitale, Zelensky, génie de la communication politique, sut à la fois galvaniser sa nation et convaincre les Occidentaux de lui fournir des armes. En septembre 2022, son armée lui donna deux victoires, à Izioum et à Kherson, ce qui permit à l’Ukraine de reprendre environ un quart du territoire perdu depuis le 24 février. La crédibilité du président auprès de sa population et auprès de ses alliés s’accrut d’autant.

Les Russes réussirent ensuite à colmater les brèches et se mirent à fortifier leurs 1400 km de front avec l’Ukraine. Ils avancèrent un peu dans le Donbass, prenant Soledar, mais furent bloqués à Bakhmout. Prigogine, le chef de la milice Wagner, qui a, pour le compte du Kremlin, la charge du front de Bakhmout, a déclaré en avril 2023 que les Russes avaient atteint leurs objectifs et que la guerre pouvait donc se terminer. C’est la preuve que les Russes ont compris qu’ils ne pouvaient plus gagner militairement cette guerre conventionnelle et soumettre l’Ukraine à leur volonté. Ils cherchent juste à conserver les territoires conquis, en les bordant d’une ligne Maginot.

Face à la nouvelle attitude défensive de l’armée russe, le président ukrainien a forgé une double stratégie. Elle est faite de modération militaire et d’activisme diplomatique.

Zelensky a déclaré qu’il avait les moyens de lancer une grande contre-offensive mais qu’il attendrait, car cette dernière se révélerait trop coûteuse en vies humaines ukrainiennes. Le président est conscient qu’il y a une fatigue de son armée et de sa population, compréhensible après quinze mois d’opérations.

Diplomatiquement, il consolide un soutien occidental sur le long terme et donne leur chance aux médiations les plus sérieuses qui se présentent: il a parlé pendant plus d’une heure au téléphone avec le président chinois et est allé voir le pape à Rome.

Est-ce à dire qu’il a renoncé à toute opération militaire ? Non. Mais il veut attaquer à coup sûr, avec des divisions entraînées, et bien rodées au maniement des nouvelles armes venues d’Occident.

À un moment ou à un autre, il y a aura fatalement des pourparlers, directs ou indirects, entre Russes et Ukrainiens. Zelensky a compris qu’à cette date, l’Ukraine devra se présenter en position de force, afin d’obtenir, à la table de négociation, un maximum de concessions de son adversaire.

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