Il est tout-à-fait légitime, pour les gouvernements comme pour les citoyens, de se soucier de la pandémie actuelle de Covid-19. C’est une maladie virale extrêmement contagieuse, pouvant provoquer de très sévères pneumonies, chez les sujets aux défenses immunitaires affaiblies par l’âge ou par d’autres morbidités. Pour la combattre, il faut adopter une stratégie offensive. Il faut réquisitionner l’industrie pour qu’elle produise des masques, des respirateurs et des tests très rapidement, dépister toujours plus, isoler les malades, effectuer ensuite des sérologies pour s’assurer de leur innocuité. Il faut investir massivement dans la recherche médicale d’un traitement efficace, en attendant le vaccin, lequel prendra au minimum un an à élaborer.

Cependant, dans ce combat, il faut conserver sa lucidité et garder ses nerfs. N’ajoutons pas le problème de la psychose à celui du virus. La panique n’a jamais aidé à résoudre les problèmes ; elle les accroît. L’histoire est riche en psychoses collectives. Mais, en raison de la mondialisation, des médias de masse, de la révolution numérique et des réseaux sociaux, c’est la première fois qu’une psychose risque de gagner l’humanité entière.

Les exemples se multiplient à travers la planète. Aux Etats-Unis, on fait la queue pour acheter des armes. Les familles se ruent sur les médicaments, sans rien en connaître.

En Inde, des agressions contre le personnel soignant (suspecté d’être contaminé) se font jour. Des infirmiers et des médecins sont expulsés de chez eux par leurs propriétaires ou leurs syndicats de copropriété. Le problème est tel que le Premier Ministre Narendra Modi a condamné ces actes publiquement et menacé leurs auteurs de poursuites judiciaires.

En Italie, des métallurgistes font grève, pour avoir le droit de cesser le travail et de se confiner, alors qu’ils sont dans un métier aujourd’hui mécanisé, souvent robotisé, où il n’est pas difficile de garder des distances de sécurité entre employés.

En France, le secteur du BTP est à l’arrêt, alors que les chantiers à l’air libre pourraient très bien se poursuivre sans le moindre danger pour les ouvriers. Le 26 mars 2020, les pêcheurs de Saint-Malo se plaignaient de ne pas pouvoir écouler le produit de leur travail. Le lendemain, les poissonniers parisiens se lamentaient de ne plus rien recevoir. Quoi ? Transporter du poisson en camion frigorifique serait devenu dangereux ? Le virus ne saurait engendrer irrationalité, résignation, phobies ou paresse chez ceux qui ne l’ont pas.

S’ils se prolongent, le confinement de tous les hommes de cette planète et la suspension de l’instruction de leurs enfants, auront de gigantesques conséquences économiques, sociales, psychologiques. A long terme, elles pourraient se révéler pires que le mal (le virus) qu’il s’agissait de combattre.

Deux scénarios se profilent d’ores et déjà. Le scénario pessimiste est celui d’un monde gagné par la psychose, le repli sur soi, la haine, où les Etats n’arrivent pas à se coordonner. C’est le modèle qui a prévalu après la crise financière de 1929.

A la mi-mars 2020, les relations sino-américaines, déjà détériorées par deux ans de guerre commerciale, prenaient un tour dangereux. Le président américain qualifiait le virus du Covid-19 de « virus chinois ». Bien que géographiquement exact, ce qualificatif était jugé offensant, voire raciste, par les Chinois. Ils ont commencé à répliquer en inventant des histoires de soldats américains ayant apporté le virus à l’occasion des jeux militaires de Wuhan d’octobre 2019. C’était une glissade dangereuse. Dans l’histoire, les guerres de mots ont souvent fini en guerres réelles. Donald Trump a bien fait d’arrêter de parler de « virus chinois » et de prendre ensuite l’initiative d’appeler son homologue Xi Jinping, le 27 mars 2020. Les deux premières puissances du monde ont, semble-t-il, décidé d’unir leurs moyens dans la lutte contre l’épidémie. Il sera toujours temps, plus tard, de mettre au jour toutes les responsabilités dans la naissance de ce mal.

Le scénario optimiste est connu : c’est celui de la coopération, qui rejette la psychose. Une recherche médicale, où les laboratoires partagent systématiquement et en temps réel leurs trouvailles sur internet. Des industries qui vendent à prix coûtants, sur leur marché comme à l’étranger, tests, médicaments et respirateurs. Des banques centrales qui coordonnent leurs efforts de soutien à l’économie, et qui se tiennent prêtes à prévenir toute crise financière subséquente. Des pays développés qui ne laissent tomber ni l’Afrique, ni le sous-continent indien. Les instruments multilatéraux existent pour empêcher la pandémie de virer à la catastrophe. Les hommes les ont créés naguère. A eux, aujourd’hui, de les utiliser !

Un commentaire sur « COMBATTRE LA PSYCHOSE MONDIALE »

  1. Parmi bien d’autres :
    – L’individualisme latin, voire gaulois, a ses atouts.
    – La discipline asiatique semble culturelle.
    – Le pragmatisme anglo-saxon est connu.
    – L’efficacité germanique ne peut etre niée.
    – La priorité de l’intérêt général sur tous les intérêts particulier – avec cependant toujours une minorité à part- serait une force … comme le montrerait la Chine.

    Une vérité serait qu’en temps de crise une certaine discipline apparaitrait toujours utile.
    Or:
    – nous somme inégaux à cet égard,
    – une discipline mondiale est une utopie,
    – nous restons tous avant tout humain donc a priori égocentriques.
    Alors doit-on aller jusqu’à espérer que le coup de pied à venir dans la fourmilière qu’est notre monde, via le catalyseur – donc non responsable- COVID 19 , aboutisse à une remise à plat, malheureusement dans une grande douleur, pour un monde meilleur… pendant un certain temps🙂

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