D’une semaine de séjour aux Etats-Unis, je reviens stupéfait de l’acharnement contre le président Trump dont font preuve des grands médias, à qui je faisais jusque-là confiance pour m’informer de manière impartiale sur la vie politique américaine. Tout se passe comme si ces médias, naguère respectés dans le monde entier pour la qualité de leurs informations et le pluralisme de leurs éditoriaux, s’étaient soudain transformés en instruments d’une propagande unilatérale, destinée à obtenir au plus vite la destitution d’un président dont ils n’avaient pas prévu l’élection.
Le prestigieux New York Times est allé jusqu’à publier un article anonyme, écrit dans la meilleure novlangue des communicants, attribué à un « haut responsable en poste à la Maison Blanche ». Cette attaque au vitriol contre le président se pare de l’aura du « Résistant », qui a choisi de demeurer au cœur du pouvoir exécutif, afin de limiter les dégâts pour le pays, en sabotant autant que possible les décisions de son chef. Pour se faire excuser de fouler aux pieds les règles élémentaires de la déontologie journalistique en publiant une « tribune » anonyme de dénonciation politique, le quotidien new-yorkais ne manque d’invoquer le devoir de protéger – contre quoi ? contre qui ? – le rédacteur caché de la tribune, et bien sûr aussi l’intérêt supérieur du pays… L’idée de la tribune est de prouver, de l’intérieur, que Donald Trump serait dérangé mentalement, et donc inapte à exercer les fonctions de Président des Etats-Unis.
Ce thème est nouveau. Il vient remplacer celui de Trump, agent du Kremlin. Comme la déficience mentale, la trahison de son pays est un excellent motif de destitution (impeachment). Mais après dix-huit mois d’enquêtes approfondies par des centaines de journalistes rêvant de devenir les tombeurs de Trump, rien de bien convaincant n’est sorti contre lui. Beaucoup de citoyens des Etats-Unis peuvent détester les idées, la politique ou la personnalité de Trump, mais très peu estiment que son patriotisme est un déguisement et que sa loyauté va à un autre pays que le sien.
Quand on ouvre sur sa télévision la chaîne d’information en continu CNN, on est sidéré. Ce média est littéralement obsédé par Trump. Tous les « talk-show » politiques, et tous les reportages consacrés à l’Exécutif semblent tendus vers un seul résultat : donner une image négative du président des Etats-Unis. A ma plus grande stupéfaction, CNN a consacré des dizaines et des dizaines d’heures d’antenne aux liaisons qu’aurait eues dans le passé, avant de devenir président, Donald Trump, avec une prostituée et une cover-girl. Pendant la campagne électorale de Trump, dirigée en priorité vers l’électorat moralement conservateur, ces jolies petites dames auraient fait chanter le candidat et obtenu de l’argent de son avocat pour rester discrètes. La belle affaire ! Trump n’est-il pas un enfant de cœur par rapport à Bill Clinton, qui, dans le Bureau Ovale, recevait des faveurs sexuelles prodiguées par une jeune stagiaire – récréation qui, au demeurant, ne regardait pas les hypocrites parlementaires républicains qui s’acharnèrent contre le Président, paralysant l’Exécutif américain pendant presque un an.
Donald Trump ne s’est montré tendre ni avec le New York Times, ni avec CNN. Mais cela ne justifie pas que ces grands médias perdent à ce point leur impartialité. Leur dénigrement de Trump est devenu caricatural. L’économie américaine ne s’est jamais aussi bien portée qu’aujourd’hui. Les éditorialistes du New York Times et de CNN nous expliquent que Trump n’y est pour rien. Mais les mêmes, à l’automne 2016, avant le scrutin présidentiel, nous prophétisaient une catastrophe économique si Trump était élu !
Donald Trump ne frappe ni pas son élégance de comportement, ni par sa culture, ni par son intelligence conceptuelle. Ses défauts ont été rabâchés par ses opposants durant la campagne. Il a néanmoins été élu. Pourquoi les élites journalistiques n’attendent-elles pas de le juger sur les réalisations de son mandat de quatre ans ?
Cet acharnement médiatique est contreproductif. En politique intérieure, il remobilise l’électorat conservateur en faveur de Trump. En politique extérieure, il affaiblit la diplomatie de l’Amérique, en la rendant incapable de renouer avec la Russie.
Nous n’avons pas manqué de reprocher à Trump ses atteintes répétées au multilatéralisme – sur le partenariat transpacifique, sur le changement climatique, sur l’accord nucléaire avec l’Iran. Il n’est pas pour autant le diable ! Il a raison de se montrer implacable face au pillage technologique chinois.
L’Amérique a connu un président sobre, élégant, issu de Yale, qui lisait la Bible tous les soirs. Il s’appelait George W. Bush. En 2003, il a décidé une invasion en Irak, dont on paie toujours les conséquences. Pour le moment, Trump n’a provoqué aucune catastrophe comparable.