La nomination de l’ancien patron d’Exxon Mobil comme chef de la diplomatie américaine préfigure-t-elle l’abandon prochain de toute coopération environnementale internationale par les Etats-Unis ? Non. Car Donald Trump, depuis son élection, a changé de discours sur l’environnement. Il a reconnu la réalité de l’impact de l’activité humaine sur le réchauffement climatique ; il a annoncé qu’il respecterait les accords de Paris (COP 21), « dans la mesure où ils ne nuiront pas à l’emploi américain ».

C’est la preuve que la conscience écologique a progressé, même aux Etats-Unis. Il est désormais possible de dessiner les contours d’une diplomatie environnementale efficace.

Il faut bien sûr continuer à imposer des réductions parallèles d’émission de gaz à effet de serre. Cela passe par une triple action : rénovation thermique du bâtiment, réforme de la mobilité, verdissement de l’activité économique. La rénovation thermique consiste à rénover les bâtiments existants et à concevoir les futurs bâtiments de telle sorte qu’ils soient moins énergivores. La réforme de la mobilité consiste à diminuer le recours aux véhicules polluants en développant les alternatives non-polluantes. Par exemple, relativement à la masse de marchandises transportées, le coût énergétique d’un porte-container qui va de Chine à Marseille est moindre que celui du camion qui acheminera les objets débarqués au port de Marseille jusqu’à Paris. Quant au verdissement de l’activité économique, il consiste à développer les énergies renouvelables, instaurer des circuits courts entre l’agriculteur et le consommateur et utiliser l’innovation pour rendre les activités agricoles et industrielles moins polluantes.

Mais cette réduction des émissions de CO2, au coeur des accords de Kyoto de 1997, ne saurait être suffisante. N’oublions pas que l’agriculture est une formidable captatrice de CO2 ! Il faut non seulement lutter contre la déforestation mais aussi restaurer les sols agricoles pour capter le CO2. C’est à ce lien entre agriculture et écologie que s’est intéressé la Cop 22, réunie à Marrakech (Maroc) du 7 au 18 novembre 2016. La COP 22 a mis à l’honneur des projets ambitieux comme l’initiative 4 pour 1 000. Ce projet international, lancé par la France, soutient une agriculture qui accroit la photosynthèse et le stockage du CO2 dans le sol, par exemple en promouvant la culture de haies, la plantation d’espèces connues pour emprisonner beaucoup de CO2, la restauration des terres arides et la lutte contre la désertification. Le projet tire son nom de ce que 4 ‰ est le taux de croissance annuel du stock de carbone dans les sols qui permettrait de stopper l’augmentation actuelle du CO2 dans l’atmosphère. D’autres projets vont dans le même sens comme le programme AAA (Adaptation de l’agriculture africaine), lancé en avril par le Maroc, qui vise à concilier en Afrique sécurité alimentaire et écologie par le choix de techniques agricoles adaptées. En effet, les techniques agricoles massivement répandues aujourd’hui endommagent les matières organiques des sols africains, les empêchant de stocker le CO2 et minant leur future fertilité.

L’écologie ne doit pas se cantonner à la seule lutte contre les gaz à effet de serre. Elle doit se soucier de toutes les formes de pollution. Elle doit protéger les océans contre la surpêche et la pollution maritime. Elle doit conserver la diversité de la faune et de la flore. Aujourd’hui, 3890 tigres vivent en liberté (contre 100 000 en 1900). C’est moins que dans les zoos.

Or, tout cela ne pourra pas se faire sans des Etats forts, et sans des Unions fortes d’Etats forts. La restauration de nos océans passe par une police maritime internationale implacable ; le développement de l’agriculture africaine passe par des financements internationaux efficaces et non politisés.

L’erreur de l’écologie a souvent été d’adosser la défense de l’environnement à une philosophie bohême et individualiste qui misait tout sur les ONG. Seuls les Etats ont le pouvoir législatif, les moyens financiers, les capacités de contrainte et de planification pour mettre en place les politiques nécessaires.

Et ce d’autant plus que la situation est urgente. Dans son livre Effondrement, le biologiste Jared Diamond mettait en lumière le rôle des problèmes écologiques dans l’effondrement des civilisations. La chute des grandes civilisations n’est pas le fruit d’une lente décadence, mais survient au contraire juste après une période d’apogée, car c’est la prospérité insouciante qui prépare la chute en dilapidant les ressources. Cependant, de grandes décisions politiques peuvent conjurer le péril. En mettant fin à la déforestation, le gouvernement des Tokugawa a sauvé la civilisation japonaise, fondée sur l’usage du bois et du papier dans la maison. En restant aveugles à la question écologique, en laissant leurs sols s’épuiser, les Mayas ont péri. A nous de choisir le scénario que nous préférons.

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