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Crédit photo : Saul Loeb/AFP/Getty Images

 

Bien qu’il reste plus d’un an et demi avant le scrutin présidentiel du premier mardi de novembre 2020, la campagne électorale a déjà commencé aux Etats-Unis d’Amérique. Hillary Clinton a renoncé à se représenter mais les candidatures se multiplient pour obtenir l’investiture du parti démocrate. Le parti de Roosevelt et de Kennedy n’a jamais été aussi divisé. Il est tiraillé entre son aile centriste modérée, que représente un Joe Biden ; son aile socialiste incarnée par Bernie Sanders ; et sa nouvelle aile gauchiste pro-minorités, qu’illustre le « Squad » de quatre nouvelles députées, Alexandria Ocasio-Cortez (New York), Ilhan Omar (Minessota), Rashida Tlaib (Michigan), Ayanna Pressley (Massachussets). L’ennemi déclaré de ces quatre jeunes femmes c’est la « toxicité du mâle blanc ».

Née en Somalie et portant le voile islamique, Ilhan Omar n’a pas eu peur d’attaquer frontalement le lobby juif et, surtout, les élus soutenant l’Etat d’Israël. La jeune femme a fustigé leur « allégeance à une puissance étrangère » et a expliqué que leur motivation était dû au « benjamin » (le billet de 100 dollars, allusion aux fonds d’action politique versés par les donateurs juifs). En politicien matois, Donald Trump a aussitôt sauté sur l’occasion, expliquant dans un tweet que le parti démocrate était devenu antisémite.

On peut tout reprocher au 45ème président des Etats-Unis sauf de manquer de sens politique. Le 2 mars 2019, il a prononcé un discours sans note de deux heures et quart devant la CPAC (Conservative Political Action Conference). Cette prestation semble être le lancement de sa campagne de réélection. Sans grand souci de la véracité des faits qu’il décrivait mais multipliant les bons mots et les mimiques, Donald Trump a littéralement enchanté son public. On ne voit pas vraiment qui pourrait venir le défier dans le camp républicain, tant sont patents ses talents d’estrade. Pour anticiper s’il a des chances ou non d’être réélu à la magistrature suprême, il faut examiner dès aujourd’hui ses forces et ses faiblesses.

Ses forces sont le soutien d’une base électorale importante, la division du parti démocrate, la bonne santé de l’économie américaine, son pragmatisme en politique étrangère.

Trump bénéficie d’une base de 40% des électeurs américains, qui ne s’érode pas, malgré les attaques inlassables des médias traditionnels. Il a compris que, pour la conserver, il devait ne rien céder sur son programme. Il relancera donc encore et encore ses demandes budgétaires pour construire son mur anti-migrants illégaux, le long de la frontière mexicaine. Il fera en sorte que la Chambre des Représentants, gagnée par les démocrates aux élections de novembre 2018, apparaisse comme la première responsable de la non-construction du mur. Trump veut apparaître comme le champion d’une Amérique principalement blanche, d’une Amérique traditionnelle, c’est-à-dire chrétienne, nationaliste, capitaliste, protectionniste, privilégiant les intérêts des entrepreneurs et des ouvriers américains.

La division du parti démocrate – où Alexandria Ocasio-Cortez a récemment traité Roosevelt de « raciste » – va bénéficier à Trump. Composé des ultra-riches de l’économie mondialisée (notamment les milliardaires du numérique et de la finance), des fonctionnaires et des classes défavorisées, ce parti ne parvient plus à garder idéologiquement unies ses deux extrémités. Il court à l’explosion.

Pour conserver la santé de l’économie américaine (taux de chômage à 3,8%), Trump saura se montrer pragmatique à l’égard de la Chine. S’il sent que son intransigeance pourrait faire chuter la Bourse, il acceptera de faire un deal commercial avec Xi Jinping. En retirant les troupes américaines du monde musulman – « où nous avons dépensé mille milliards de dollars en pure perte » – , Trump se fera très peu d’ennemis dans l’électorat américain.

Les faiblesses de Trump tiennent avant tout à son passé et à son style. Agent des Russes ? Plus de deux ans ont passé et l’enquête n’a rien donné de concret. En revanche, si des fraudes venaient à être révélées dans son activité ancienne de promoteur immobilier, elles donneraient un parfait angle d’attaque à ses opposants démocrates. Incompétent ? Le peuple américain juge un président davantage sur ses réalisations que sur son bagage universitaire. Vulgaire ? Si un soir de campagne Trump se laisse aller et dépasse publiquement la ligne rouge de la décence, il peut s’aliéner durablement l’électorat féminin. Sa haine du multilatéralisme ? C’est quelque chose qui préoccupe les Européens, mais très peu les Américains.

Il y a un an les médias américains les plus prestigieux nous expliquait que Trump courait à sa destitution judiciaire par le Congrès. N’est-ce pas plutôt vers sa réélection qu’il se dirige aujourd’hui ?

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